Le Bauhaus

 Le Bauhaus est une école d’architecture et d’arts appliqués fondée en 1919 en Allemagne, à Weimar. Le terme désigne également un courant artistique fondé sur l’unification de l’art et de l’architecture, un concept pilier chez Livingstone. Ce mouvement instaura les tout premiers linéaments et les plus solides fondements de la réflexion sur l’architecture moderne. Il est aujourd’hui considéré comme l’un des mouvements d’architecture, d’art et de design les plus influents de l’histoire.

 Le fondateur du Bauhaus

 C’est un certain Walter Gropius (1883-1969) qui fut à l’origine de cette institution. Architecte, urbaniste et designer allemand, il fut notamment un grand théoricien du design et de l’architecture qui mit ses concepts à l’écrit par le biais de divers ouvrages. Il adhéra d’abord au fameux courant moderniste du Deutscher Werkbund, pour ensuite devenir directeur de l’Ecole d’arts appliqués de Weimar, qu’il renommera Bauhaus. Son enseignement novateur offrira de nouvelles façons d’appréhender l’art et la technique au sein des écoles d’art. Néanmoins, sa volonté à créer, à innover ne trouvera pas son essor en Allemagne ce qui le poussera à émigrer au Royaume-Uni, puis aux Etats-Unis dont il obtiendra la nationalité en 1944 et où il finira ses jours.

 Walter Gropius définira les objectifs du mouvement et de l’école du Bauhaus dans un manifeste : « Le Bauhaus s’efforce de réunir les arts et l’artisanat en tant qu’éléments permanents d’une nouvelle architecture ». Les principes du mouvement reposent sur l’abolition entre les disciplines artistiques, artisanales, architecturales et industrielles, puis sur un minimalisme pur et simple également présent dans nos collections. Il prime pour un retour à l’essentiel. Les matériaux sont bruts, à l’état naturel, les formes géométriques sont rigides, elles suivent et servent la fonction ; les lignes sont sobres et solides. C’est un style qui se définit comme simplifié, épuré et standardisé.

 En connexion avec les mouvements artistiques de son temps

 Au cœur de cette école, élèves et professeurs travaillèrent ensemble sur la conception d’objets esthétiques, fonctionnels et innovants. C’est d’ailleurs grâce à de nombreux et brillants professeurs issus du monde de l’art et de l’architecture que l’école du Bauhaus fut si singulière. Par là même, les élèves reçurent un enseignement d’exception qui amena certains d’entre eux au stade de postérité. 

 Walter Gropius offrit la direction au mémorable architecte Hans Meyer en 1928. Ce dernier apporta à l’école une section d’architecture pour que les étudiants puissent en obtenir directement le diplôme, jusqu’alors inexistant. Puis ce fut au tour de l’illustre Ludwig Mies van der Rohe, chef de file du courant moderniste, d’assurer la direction jusqu’à la clôture de l’école. Il expulsera les élèves communistes, privilégiera la théorie et le dessin, et remaniera le cursus de l’architecture dont il desserre l’enseignement.

 Parmi les artistes professeurs les plus connus l’on peut citer Paul Klee qui, de 1920 à 1924, professa la peinture sur verre ainsi que le tissage, et géra l’atelier du métal. Walter Gropius lui déléguera un cours de peinture muni d’un atelier libre et le nommera « maître ».

 Mais aussi Oskar Schlemmer, « l’artiste dégénéré » qui enseigna peinture, art de la décoration et scénographie de 1921 à 1929.

 László Moholy-Nagy, peintre et photographe plasticien, fut le premier à avoir recours à des équipements scientifiques tel des télescopes, microscopes et autres qu’il intégra dans ses œuvres d’art. A la suite d’une invitation du fondateur du Bauhaus lui-même, il enseigna en tant que directeur du cours préliminaire et de l’atelier du métal où il succède à Paul Klee. Il met en exergue une vision constructiviste au détriment de l’expressionisme : l’école fait alors un bond dans son objectif d’enseignement du design industriel.

 Enfin le célèbre Vassily Kandinsky, peintre des formes et des couleurs, retrouvera de par son adhésion au Bauhaus ses anciens condisciples comme Paul Klee. Il donnera des cours de peinture murale qui le conduiront à développer les théories élémentaires de son ouvrage : « Point et ligne sur plan ».

 Si l’on peut citer les nombreux professeurs du Bauhaus l’on se doit de mentionner au moins l’une de ses élèves les plus étincelantes : Marianne Brandt, peintre, photographe et designer qui suivit les remarquables cours de l’atelier du métal. Elle y réalisa nombres de ses œuvres phares telle la lampe Kandem, les théières et les cendriers.

 La République de Weimar

 Ayant existé presque jour pour jour en même temps que le régime politique de la République de Weimar (1918-1933), le Bauhaus fut toujours plus controversé. Si la République de Weimar connut un âge d’or artistique durant les années 1920, notamment avec l’expressionisme, une scission se créa très rapidement à la fin de cette décennie suite à la crise de 1929. Les élites traditionnelles rejetèrent farouchement les mouvements et écoles novateurs qui furent définitivement dénigrés, fermés, bannis par l’arrivée au pouvoir des nazis. Le Bauhaus fut tout particulièrement accusé d’enseigner un « art dégénéré ».

 S’il prit fin en 1933, il aura été le marqueur d’une révolution artistique et architecturale prévoyant des réformes à la fois structurales et sociétales. Plus de cent ans après sa naissance, son influence est toujours aussi puissante, et Livingstone en témoigne.

 La sobriété et la fonctionnalité du style Bauhaus, telle que la chaise Wassily (1925) de Marcel Breuer ou encore la Farnsworth House (1946-1951) de Mies Van Der Rohe, sont au service de l’Homme et de son bien-être. Ces designs minimalistes et épurés ne sont pas à confondre avec de la froideur ou de l’inhumanité.

 « Architectes, sculpteurs, peintres, nous devons revenir au travail artisanal, parce qu’il n’y a pas d’art professionnel. Il n’existe aucune différence essentielle entre l’artiste et l’artisan. » Walter Gropius, Manifeste du Bauhaus.