Le ready-made de Marcel Duchamp

Marcel Duchamp surnomme ready-made ces objets manufacturés qu’il expose à la façon d’une œuvre. Cette pratique dadaïste suggère que tout et n’importe quoi peut devenir de l’art, une vision du design sur laquelle nous avons fondé notre identité car pour Livingstone, « chaque table est une œuvre d’art ». Duchamp définit un ready-made comme un objet du quotidien ayant été sélectionné puis exposé à la façon d’objet d’art, sans modification ou presque, en lui privant souvent de sa fonction utilitaire. Pour comprendre les fondements du ready-made, il convient de s’intéresser au contexte historique et artistique de cette époque.

C’est pendant et après la Première Guerre Mondiale que de jeunes artistes s’allient pour exprimer leur rage envers la guerre. De là émerge le mouvement Dada, un phénomène international et multidisciplinaire, un état d’esprit autant qu’un courant artistique. A travers ce mouvement, ces artistes remettent en cause l’ordre établi en pratiquant satire, ironie, jeux et calembours. En réponse au « sérieux » qui prédominait à cette époque et derrière sa réflexion sur son rejet du goût, Marcel Duchamp fait entrer le « rire » dans l’art avec le ready-made.

Son œuvre « Fontaine » de 1917 est un ready-made qui en illustre les principes fondamentaux. C’est un urinoir en porcelaine, que Duchamp a fait basculer à l’horizontale et signé à la peinture noire « R.Mutt ». Le but de cette œuvre est de critiquer un monde artistique soi-disant ouvert d’esprit et le poids d’une signature dans l’évaluation d’une œuvre. L’artiste touche non seulement au statut de l’œuvre d’art, à celui de l’artiste mais aussi au regard du public. En effet, le ready-made existe simplement, il n’est pas là pour être contemplé. La seule chose qui change est la signature qui l’élève au rang d’œuvre d’art. 
Le point de vu du ready-made, et plus largement du mouvement Dada, remet en cause les normes sociétales et artistiques. Sortir un objet de son contexte ordinaire pour le redéfinir objet d’art va bouleverser les conventions de l’art visuel. Ce procédé, essentiel à la naissance de l’art contemporain, changera à jamais l’évolution des courants artistiques.