L’histoire du Marbre

Le terme « marbre » est dérivé du grec « marmaros » qui signifie « pierre resplendissante ». En géologie, le marbre est une roche métamorphique dérivée du calcaire et constituée principalement de cristaux de calcite. Sa formation s’est produite par une cristallisation complète des dépôts de calcaires accumulés au fond des mers, sous l’effet de la pression, de la température, des vapeurs venant des profondeurs du globe et elle remonte à 400 millions d’années environ. Son grain plus ou moins dense lui confère différentes finitions possibles. Les cristaux peuvent avoir une structure microscopique qui le rend accessible au polissage, d’autres sont grenus et restent alors mats en surface. Le veinage et les divers coloris sont dus à des inclusions d’oxydes métalliques lors de la cristallisation. Les carrières de marbres dans lesquelles son extraction est réalisée, sont présentes dans le monde entier et nous offre une variété de marbre plus originaux les uns que les autres.

Les premiers usages massifs du marbre remontent à l’Antiquité en Égypte. Il est utilisé comme matériau pour la sculpture et l’architecture. Deux civilisations éprises de beauté émergent successivement, l’une influençant l’autre : la Grecque (-600) et la Romaine (-400). Les Grecs sculptent l’image de leurs dieux dans la pierre et érigent leurs temples à partir de blocs de marbre. Rome l’importe d’Orient à grand frais et la fait tailler dans ses montagnes et ses îles par des esclaves. Le marbre entre alors dans la fabrication de baignoires, de meubles et de petits objets avant de prendre place dans l’architecture romaine. Il pave le sol, décore les murs et supporte les toits. Gravé ou peint, en frises ou en bas-reliefs, le marbre a préservé la mémoire de ces peuples fondateurs et sauvegardé nos racines.

Au Vème siècle, sous l’invasion Barbares, la commercialisation du marbre et son extraction dans les carrières s’interrompt. L’occident va alors vivre sur les ruines de son passé jusqu’au XIIème siècle en taillant et retaillant dans les marbres antiques et en démolissant les chefs-d’oeuvre du passé. Tout ce que l’on voit encore aujourd’hui d’antique n’est que la centième partie de ce qui fut. En quatre siècle d’auto-dévoration, Rome fait disparaître la majeure partie des splendeurs de l’Empire. Des milliers de statues ont été jetées dans des fours à chaux et brûlées.

C’est à la Renaissance Italienne que le marbre acquière ses lettres de noblesse. Il envahit le dallage, le mobilier, le parement et la sculpture. Les Médicis, souverains de Toscane, ont érigé l’Antique en référence au beau et Florence se couvre de chantiers. Sans oublier Michel-Ange qui multiplie les chefs d’oeuvre, notamment son colossal David taillé dans un bloc de marbre qui était jugé inutilisable. Il faudra attendre les guerres d’Italie au XVIème siècle pour que les Français découvrent les merveilles de la péninsule, et il ne leur faudra que deux siècles pour ériger du marbre partout où cela est possible : de la Cour de Marbre du château de Versailles à la façade du Louvre en passant par les églises cintrées à coupole. Mais c’est au XVIIème siècle que s’élève le plus pur joyau de marbre au monde : le Tàj Mahal, ce cube de 61 mètres de côté en marbre incrusté de pierres précieuses. Au XIXème siècle le marbre se ménage une place de choix : l’architecte Garnier qui dessine l’Opéra de Paris lui confie le premier rôle, celui de glorifier l’Empire. Le XXème siècle est marqué par une lutte intense entre un Art Nouveau et des mouvements visant l’abstraction. Le marbre est encore à cette époque le favori des puristes et des esthètes, comme il l’était à la Renaissance.

Aujourd’hui, le marbre reste symbole d’élégance et d’intemporalité comme le démontre si bien la Vierge Voilée,l mais c’est principalement chez les particuliers qu’il continue son éternelle trajectoire : quel matériau, forgé dans les profondeurs de notre planète, pourrait mieux satisfaire notre désir du beau et de l’éternel ?